From Katrina

Marie-Agnès GILLOT : Étoile Eternelle De L’Opéra

Coucou ma fleur, 

Aujourd’hui, je te laisse découvrir la très talentueuse danseuse étoile Marie-Agnès Gillot. 

Marie-Agnès est une ancienne danseuse étoile de l’Opéra de Paris qui a tiré sa révérence le 31 mars 2018. 

Elle est également chorégraphe. Depuis la fin de sa carrière à l’Opéra, elle a joué dans une pièce de théâtre, elle a fait une exposition photo. 

Depuis quelques années, elle est invitée à participer au spectacle des Enfoirés. 

Le 14 octobre 2019, Queen MAG sera à La Seine Musicale en compagnie de ses amis chanteurs et chanteuses pour une soirée au profit des Restos du Coeur.

Je vous laisse découvrir cette “meuf démente” dans cette belle interview. 

Je vous embrasse.

-Kat.

Source : IG @marieagnesgillot

Kat : A 5 ans, vous avez commencé la danse classique et, à 9 ans, vous avez passé le Concours pour être admise à l’Opéra de Paris. Etait-ce votre choix de commencer la danse ou bien vos parents vous ont-ils inscrite en espérant que ça vous plaise ?

Marie-Agnès : Ma mère m’a inscrite parce que je levais les jambes sur les tables, comme mon fils, d’ailleurs. Il est pareil. Il marche sur les pointes. On voit tout de suite les aptitudes des danseurs. Je faisais du handball ainsi que d’autres sports.  Elle m’a dit “Je pense que peut-être la danse te plairait” et elle m’a mise dans un cours de danse. Elle a cherché le cours de danse le plus réputé et je me suis retrouvée chez Chantal Ruault qui est une prof adorable. J’ai commencé la danse avec un tuteur en étant aimée, pas du tout la sévérité, ni la discipline. Vraiment super, quoi. Après, ça a bien changé quand je suis arrivée à l’Opéra. Donc oui, c’est ma mère. J’ai pas du tout une mère danseuse, elle n’était  pas derrière moi pour me mettre de la pression… 

Je trouve que c’est mieux pour les enfants parce qu’on fait ce qu’on aime. La danse m’a tout de suite plu :. J’en suis directement tombée amoureuse de la danse.. 

En quittant Caen à 9 ans et en arrivant à Paris, la petite fille que vous étiez songeait-elle déjà à être danseuse étoile ?

Non parce que je ne savais pas qu’il y avait toute cette hiérarchie. Moi, je voulais être danseuse. Je ne savais pas qu’il y avait ces grades. Je me suis aperçue tout de suite qu’il fallait que je monte de niveau. J’ai appris en rentrant à l’Opéra qu’il y avait une grosse hiérarchie et beaucoup de concours à passer et d’attentes. Mais, je voulais être danseuse. Je ne voulais pas être danseuse étoile, je voulais être danseuse. Après, j’ai compris que pour avoir une certaine liberté, il fallait être la meilleure. 

Vous avez une scoliose qui vous a obligé de porter un corset pendant 21h par jour. Cette scoliose vous a-t-elle rendue plus battante que d’autres danseuses ?

Disons que j’avais une notion de la liberté qui était tout de suite très forte parce que, dès que j’enlevais mon corset, je me sentais revivre. Donc, je n’ai jamais perdu de temps. 

Quand on est enfermé à l’âge de 12 ans, dans un corset, jusqu’à 17 ans, je vous assure que quand vous l’enlevez, vous ne perdez pas de temps. 

Donc, j’ai peut-être cette phrase de la liberté parce que j’ai été handicapée et je le suis toujours. J’ai de nouveau un corset.

Pour marquer un public par la danse, une part théâtrale entre aussi en compte dans l’interprétation. Comment faites-vous pour entrer dans votre personnage et incarner votre rôle avec autant de finesse et de précision à chaque fois ? 

Je m’éduque, je me documente, je lis. J’aime bien lire, j’aime bien revoir les classiques et après, je rajoute ma patte dessus. J’ai beaucoup de personnalité, tout le monde le dit. Je suis quelqu’un d’enthousiaste, je suis joyeuse. Donc dès que je mets dans quelque chose, j’y vais à fond. 

A l’été 2018, vous êtes partie en Inde dans le cadre de la préparation d’une exposition qui a eu lieu du 11 septembre au 11 octobre 2018. Qu’est-ce que ça vous a procuré de danser dans des lieux aussi impressionnants que le Taj Mahal ? 

J’étais prise d’une grande tristesse parce qu’il y a beaucoup beaucoup de pauvreté. C’était la première fois que je me rendais en Inde. C’était vraiment un choc des cultures. J’arrive, je vois un désastre écologique, un désastre humanitaire. Les photos étaient prises très tôt le matin. On se levait pendant la nuit, je faisais les photos à 6h au matin. Ça m’a vraiment touché, en fait. Ça m’a bouleversé. Mais les gens ne sont pas malheureux, c’est ça qui est bizarre : ils sont très pauvres mais pas malheureux. Il ne faut pas les plaindre. Cependant, pour nous, occidentaux, c’est quand même choquant. Ça m’a soulevé le cœur. 

Entre le 14 novembre 2018 et le 17 février 2019, on a pu vous voir au théâtre Marigny dans Peau d’âne avec Claire Chazal notamment. Est-ce que vous pourriez nous résumer la pièce en quelques mots ? 

C’est “Peau d’âne”, c’est le film de Jacques Demy qui est mis en scène par un metteur en scène italien. Vraiment super ! C’était ma première expérience au théâtre. C’était vraiment super, j’ai trouvé ça beaucoup moins dur que la danse. J’ai retrouvé des amis, j’ai retrouvé Claire. On était en loge ensemble. C’était comme une autre famille. J’ai eu l’impression de quitter l’Opéra et de retrouver une autre famille mais au théâtre. C’était vraiment comme une petite troupe. Ça m’a fait du bien parce que j’ai pu “oublier” l’Opéra petit à petit. Ça m’a fait une bonne transition.

Le 14 octobre 2019, vous serez à l’Auditorium pour une soirée au profit de Restos du Cœur. Mettre votre passion au profit d’une association était-ce un but dans votre vie ?

Je fais toujours ça en fait. J’ai toujours été engagée pour des causes qui soit me touchent personnellement soit qui touchent mes amis, ma famille. 

Quand Jean-Jacques Goldman, il y a 4 ans, m’a demandé d’être une Enfoiré (j’ai vraiment été choisie par Jean-Jacques Goldman), j’ai été super touchée. Pour moi, c’était un cadeau. C’était la première fois qu’une danseuse rentrait dans les Enfoirés. Il n’y a jamais eu de danseuse. J’ai adoré. Tous les artistes ont accepté d’être bénévoles, c’est ça qui est génial ; je ne suis pas la seule, je suis accompagnée. 

Ensuite, nous pourrons vous y retrouvez pour 5 autres spectacles : “De Paris à Beyrouth” (le 22 novembre 2019), “De Rothko à Cocteau” (les 13 et 14 mars 2020) et “La boxeuse amoureuse” (le 20 avril 2020), “Chorégraphie d’orchestre” (le 14 mai 2020) et “Faites de la danse” (le 20 juin 2020). Que pouvez-vous nous dire sur ces différents spectacles à venir ?

C’est vraiment toutes des choses différentes. 

Donc “De Paris à Beyrouth”, je m’entoure d’artistes libanais et je fais une pièce de Nada Kano avec une robe qui va faire toute la scène. La deuxième partie, c’est avec Simon Ghraichy, le grand virtuose de piano. Là, on va commencer à travailler en août donc je ne peux pas encore vous dire ce que je vais créer parce que je n’ai pas encore commencé. 

Ensuite, “De Rothko à Cocteau”, là, je fais “Le jeune homme et la mort” que j’avais filmé avec Nicolas Le Riche mais je le reprends avec un jeune. Et après, je ferai pour la première fois le “Rothko” que Carolyn Carlson m’a donné. C’est la dernière pièce qu’elle s’est créée pour elle et elle me l’a transmise. 

“La boxeuse amoureuse”, ça sera avec Arthur H et Souleymane Cissokho. Il y aura aussi Mickhail Rudy, qui est un grand virtuose. Je pense faire un match de boxe chorégraphié, on va jouer du piano avec des gants de boxe. Que des trucs un peu loufoques mais tellement pointus. C’est juste pour changer les esprits. 

“Chorégraphie d’orchestre”,, je vais chorégraphier avec le chef d’orchestre. Je voudrais diriger un orchestre avec mon corps.

“Faites de la danse”, j’ai envie de créer la fête de la danse. J’ai fait un jeu de mots, j’ai marqué “faites”. J’ai envie que de 7 à 77 ans, tout le monde puisse danser en famille. Il y a toutes les danses qui vont s’enchaîner. J’ai des copains qui sont dj qui vont venir. C’est vraiment une fête, c’est joyeux. Il y aura vraiment plein plein plein de danses : du booty shake au classique. 

Avez-vous d’autres projets à venir liés (ou non) à la danse ?

Oui, je fais aussi une création avec Andrés Marin et Christian Rizzo.C’est mon ancienne directrice, Brigitte Lefèvre, qui m’a proposé ce projet. C’est drôle parce que je continue à travailler avec mes maîtres. Je ne suis plus à l’Opéra mais on continue à me demander des créations comme si j’étais à l’Opéra. On n’a pas changé de famille. 

En plus d’être danseuse, vous êtes également chorégraphe. Préférez-vous chorégraphier ou danser ? Pourquoi ?

Oh, ce n’est pas le même métier. C’est comme acteur et réalisateur, en fait. Ce n’est pas du tout la même chose. 

Chorégraphe, il faut vraiment tout inventer, tout avoir en tête. Danseuse, c’est juste interpréter. Chorégraphe, ça englobe les costumes, la lumière, la mise en scène, le langage qu’on va utiliser pour danser. C’est bien plus ample. 

Quel est le secret pour devenir chorégraphe ?

Ah, je ne sais pas. Ce n’est vraiment pas quelque chose qui est donné à tout le monde, c’est vraiment un autre don. Moi, j’ai toujours créé depuis toute petite. Je faisais des spectacles entre deux scènes avec des couvertures. Je faisais déjà des spectacles toute petite. J’ai toujours eu cet esprit créatif. C’est vrai que pendant 30 ans, je ne m’en suis pas servie parce qu’il fallait que j’arrive en haut de ma hiérarchie. Je n’avais pas le temps de tout faire. Dès que j’ai atteint ce que je voulais, je m’y suis remise.

Vous avez également dansé dans quelques clips. Danser sur une scène et danser dans un clip sont-elles 2 choses différentes ?

Oui, forcément, ce ne sont pas les mêmes conditions mais danser c’est danser. C’est toujours la même chose pour moi. A part que sur scène, on fait un déroulé, on ne peut pas s’arrêter. Quand on fait un clip, si on s’est loupé, on peut recommencer. C’est vraiment des conditions techniques. Mais danser, c’est danser. 

Durant votre carrière, avez-vous reçu un conseil que vous n’avez jamais oublié ? 

On m’a toujours dit d’être soi-même parce que les autres places sont déjà prises. Il faut être soi-même dans la vie. 

Et finalement, quels sont les 3 mots qui vous décrivent le mieux ? 

Je ne sais pas… Passion, courage et ténacité… Et générosité.

Merci beaucoup Marie-Agnès ! 

Si tu aimes la danse, si tu as aimé l’interview ou si tu veux juste voir des jolies photos, je te conseille de suivre Queen MAG sur Instagram (@marieagnesgillot) 

La bise ma fleur,

Kat.

-ITW 24 juillet 2019