From Katrina

Spécial Confinement

En ces temps particuliers, on parle beaucoup du négatif dans les journaux télévisés ; pour beaucoup, le confinement est compliqué. J’ai donc décidé de réunir quelques-unes des femmes admirables que j’ai eu la chance d’interviewer ces quelques dernières années pour partager avec vous leur avis et amener un peu de positivisme 🙂

Que pouvons-nous tirer de positif de la situation actuelle? 

Angelina : Tellement de choses. Pour commencer, je dirais, que ça fait des années et des années qu’on n’a plus eu le temps. Je pense que le temps est un facteur tellement important dans nos vies. A l’époque de nos grands-parents, ils avaient beaucoup plus le temps. Le temps de se retrouver, de profiter des moments. Le temps d’aller à l’église, le temps de prier. Ils avaient vraiment le temps pour beaucoup de choses pour lesquelles nous n’avons plus le temps. Aujourd’hui, malheureusement, nous sommes dans un système qui ne veut qu’une chose : la production. Tout tourne autour du pognon. Maintenant, les gens travaillent de plus en plus, de plus en plus tard. On est obligé ; la vie est tellement chère. On voit très peu notre famille finalement. Je pense aux familles qui font des 10-12h par jour. J’avais un voisin comme ça à l’époque qui habitait en face de chez moi : il partait à 6h30 et il rentrait chez lui à 18h. Je me disais “mais sa vie, c’est au boulot, en fait. C’est pas chez lui”. Finalement, aujourd’hui, j’ai l’impression que ce temps, même s’il ne nous permet pas de voir nos familles, puisqu’on est confiné, permet de faire un temps d’arrêt. Un temps d’arrêt sur nos vies. Une pause pour un questionnement nécessaire dans une vie. Les gens ne se questionnent pas assez ; ils ne sont pas assez avec eux-mêmes. Ici, on a le temps de réfléchir. Le confinement et le coronavirus font que, forcément, on commence à réfléchir et à remettre en question plein de choses. Mais, ce confinement est aussi très intéressant parce qu’il nous permet de pouvoir travailler sur soi, de pouvoir réfléchir et surtout de ne pas reprendre sa vie ensuite comme si rien ne c’était passé et de pouvoir changer certaines choses. Se dire “tiens, je n’ai peut-être pas eu le temps de faire telle et telle action et bien maintenant, je vais le faire.” 

Je dirais que pour moi, le facteur le plus positif de ce confinement, c’est vraiment le temps. Avoir le temps. Le temps de se reconnecter à soi.

Leticia : Je pense que c’est une opportunité unique pour remettre en cause notre espèce. Et oui, j’ai bien dit « espèce ». Cela fait un moment que nous, humains, nous faisons des choses qui ne sont pas bien ; ni pour la planète, ni pour des autres espèces, ni pour nous. Il suffit de regarder autour de nous : voir la pollution, les guerres, les gens qui sont dépourvus de tout même dans des pays très riches, les inégalités qui nous menacent depuis un moment. Nous sommes devenus nos plus grands ennemis. Donc, j’espère que cet arrêt obligatoire, inattendu, et sans doute très dur pour tous, sans différence de nationalité ni état socio-économique puisse nous servir à être plus empathiques les uns envers les autres, afin de changer notre façon de vivre, de consommer, de partager. Afin de nous rappeler qui nous sommes et qui l’on veut devenir. C’est aussi une occasion pour regarder à l’intérieur de nous.

Selon vous, une fois la période de confinement terminée, est-ce que nous devons retourner à nos vies d’avant ou devrions-nous faire des changements et créer une nouvelle normalité?

Angelina : Évidemment ! Je pense très sincèrement – d’ailleurs j’ai écrit une musique là-dessus que j’ai publiée sur Facebook – qu’on ne va pas pouvoir reprendre notre vie d’avant parce que le coronavirus va nous impacter pendant encore très longtemps. Les gens seront encore beaucoup en alerte. Quoi qu’il arrive, on ne pourra pas reprendre nos vies comme avant. Mais l’humain a besoin de reprendre sa sécurité, de reprendre toutes ses habitudes. Mais surtout pas !! Il ne faut surtout pas reprendre notre vie d’avant. Si on en est arrivé là aujourd’hui, c’est parce qu’il y a un manque cruel de respect. Si un virus de m**** s’est soit disant logé dans une chauve-souris, c’est qu’il y a bien un p***** de problème. Ce n’est pas possible, on ne peut pas reprendre nos vies. Respectez les animaux, les gars ! Respectez la vie un petit peu ! Maintenant, on est en train de crever. Ça fait des années que la forêt meurt, que les animaux meurent et on s’en fout. Chacun continue sa petite vie centrée sur son égo, individualiste. Et c’est aujourd’hui que les gens se disent “ah bah en fait, on est tous liés”. On est tous liés depuis le départ ! Maintenant, on se dit qu’un truc qui vient de Chine, à des millions de kilomètres, nous touchent, nous. Oui, les gars ! Parce qu’on est en interconnexion.

Il y a clairement une responsabilisation à avoir : un meilleur respect de l’environnement, une consommation plus faible de viande, … et ensuite, être un peu plus lié avec les autres.

A un moment donné – c’est dommage, mais ça devra se passer comme ça – il faudrait s’opposer au système. Je ne suis pas entièrement dedans parce que je suis artiste. Le système est en train de nous tuer. Il nous tue parce qu’il ne pense qu’à une chose : se remplir les poches. A cause de ça, notre bonheur est mis de côté. Aujourd’hui, on fait passer la moitié du temps des êtres humains sur les réseaux sociaux. Une étude a prouvé que les réseaux sociaux enlèvent la confiance en soi. On passe tous les jours notre vie sur les réseaux sociaux, on est devenus addicts et c’est quelque chose qui nous enlève notre confiance en nous. On est dans quel monde ? Qui met en place des choses pour que tu te sentes bien ?

On est dans un système où on fait des crédits à la banque, on est endetté. Donc, forcément, on est obligé de travailler ; on a  peur de perdre son emploi. Du coup, on a peur de faire des choix, peur de dépasser ses limites parce qu’on a peur de demain.

Il faut que chacun se pose dans sa vie et que chacun réfléchisse et se demande “est-ce que je suis heureux ?” “Est-ce que je suis heureux de ne voir mes gosses peut-être que 5h par jour parce que j’ai un p***** de crédit?” 

Réfléchir à se responsabiliser, à fonctionner différemment, s’inspirer des gens qui font bouger les choses. 


Leticia : Je pense que ma réponse précédente permet de répondre à celle-ci. J’en suis sûre : on ne sortira pas indemnes de ce confinement qui est vraiment une épreuve et dont on ne connaît pas encore la durée. Je ne pense pas qu’on retrouvera une certaine “normalité” avant la fin de l’été. Il faut absolument que l’on fasse des changements ou toute cette souffrance n’aura servi à rien. Mais bon, je suis optimiste incontournable 🙂

Un tout grand merci à Angelina et Leticia pour votre participation !

Stay safe & be well :))

Je vous embrasse très fort. Prenez soin de vous 🙂

-Kat.

-ITW 12 avril 2020